Licenciement pour mention « j’aime » sur Facebook
Actualité publiée le 22/06/2021
Dans sa décision du 15 juin 2021, requête n° 35786/19, la Cour Européenne des Droits de l'Homme précise que le fait d’appuyer sur le bouton "j’aime" sur certains contenus publiés sur Facebook est une forme courante et populaire d’exercice de la liberté d’expression en ligne.
https://hudoc.echr.coe.int/fre#{%22itemid%22:[%22001-210417%22]}
Dans cette affaire, une salariée était une ressortissante turque employée, depuis 1996, comme agente de nettoyage contractuelle au sein du ministère de l’éducation nationale turc. Celle-ci a ajouté des mentions « j’aime » sur certains contenus Facebook publiés par des tiers.
Les contenus litigieux consistaient en des critiques virulentes dirigées contre des pratiques répressives alléguées contre les autorités, des appels et encouragements à manifester, l’expression d’une indignation relative à l’assassinat du président d’un barreau, des dénonciations d’abus par certains élèves à l’égard de leur établissement ainsi qu’une déclaration, jugée sexiste, d’une personnalité religieuse connue du public.
Dans ce contexte, une procédure disciplinaire a été ouverte à l’encontre de la salariée en 2016, laquelle a débouché sur une sanction de licenciement. Il a été considéré que les faits reprochés constituaient des infractions à la convention collective de travail applicable à la salariée.
La Cour considère que les juridictions internes n’ont pas procédé à un examen suffisamment approfondi de la teneur des contenus litigieux ou du contexte dans lequel ils s’inscrivaient alors même qu’ils portaient sur des débats d’intérêt général. Elle souligne à cet égard que l’article 10 de la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés
fondamentales ne laisse guère de place pour des restrictions à la liberté d’expression en matière de discours politique et de questions d’intérêt général. Elle estime donc que les autorités internes auraient dû chercher à évaluer la capacité des mentions « j’aime » à provoquer des conséquences dommageables sur le lieu de travail de la requérante.
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